Samer Nouh : “Peut-être que c’est pour ça que les auteurs libanais écrivent sur le Liban, par un besoin de faire sens sur ce qu’on a vécu, vu, ce par quoi on est passé.”

Libanais installé en France, Samer Nouh a publié il y a quelques mois son premier roman, Un après-midi sous la neige, chez Tropismes éditions. Il y raconte la vie d’un village de montagne, l’éveil amoureux de deux jeunes garçons. Et puis l’histoire de Saba, personnage sur lequel courent de nombreuses rumeurs, ouvrant ainsi le texte à l’Histoire du Liban. Rencontre avec un primo-romancier soucieux de parler de son pays, au-delà des clichés et des clivages

Vos études et votre métier tournent autour de l’audiovisuel. Pourtant, vous avez choisi de passer par les mots et d’écrire un roman : pourquoi ?

Ce qui m’a toujours intéressé, c’était de raconter des histoires. Je n’étais pas encore sûr du moyen, de la forme que j’allais utiliser. Mais je prenais beaucoup de notes sur des carnets. Mais j’écrivais juste pour moi. Parfois, je me faisais lire par des proches. Puis, j’ai commencé à orienter mon écriture dans la perspective de faire des films. Sans pour autant donner une forme de scénario, parce que je ne savais pas en écrire à l’époque. Et quand je suis allé vers l’audiovisuel, j’ai réalisé à quel point j’aimais l’image, ce qu’elle produit chez quelqu’un. Je trouve que c’est instantané, il y a un frisson qui nous traverse tout de suite quand on est face à une scène qui nous émeut, qui bouge quelque chose en nous. J’ai ensuite fait un court-métrage et j’ai aimé l’effet que ça a créé.

Avec le temps, j’ai trouvé qu’il était de plus en plus difficile de faire des films. Parce que ça demande beaucoup de matière, c’est un travail d’ensemble qui demande beaucoup d’argent. Mais aussi de gens. Et je me suis trouvé dans une impasse pendant plusieurs années, où je ne produisais rien, parce que je faisais face à ces obstacles-là, qui m’immobilisaient.

Puis j’ai commencé à travailler, dans un autre domaine que le cinéma. Mais j’avais besoin de quelque chose d’autre. J’étais incapable de juste travailler et revenir à la maison. Et puis je continuais cette habitude d’écrire, de noter sur des papiers, des carnets, mon portable. Et je me suis souvenu de cette époque, à la fac, où j’ai dû rédiger mon mémoire (sur le désir homosexuel dans le cinéma égyptien, ndr), à quel point ça me faisait du bien d’écrire. Je bossais dans un restaurant libanais à l’époque, à Paris, ce qui n’était pas le moment le plus passionnant de ma vie. Quand je rentrais à la maison, je lisais énormément : des textes sur l’homosexualité, sur le désir dans le cinéma égyptien. Je regardais aussi beaucoup de films égyptiens, évidemment. J’analysais, j’écrivais. Et j’aimais rechercher un côté lyrique dans l’écriture. Du coup, c’était comme un exutoire, même si c’est cliché de dire ça.

Quand j’ai commencé mon nouveau travail, je suis revenu sur mes notes et me suis demandé pourquoi j’avais réprimé ce besoin, ce désir, seulement à cause de cette envie lointaine de créer des films. Je me suis donc décidé à les écrire, ces histoires. Et puis ensuite, je verrais ce que j’en ferais. J’avais ce besoin de raconter l’histoire.

Votre écriture a quelque chose de très visuel : on se figure bien les lieux, les personnages. À quoi cela tient-il ?

C’était très important pour moi d’utiliser le décor, réel, de mon village. Mais c’est le décor dont je me souvenais, donc il y a certainement un travail de "pétrissage", de modification qui a eu lieu entre la réalité et ce qui est resté dans mon esprit. Je suis né dans ce petit village, au bord d’une falaise, dans la montagne libanaise. Et j’y ai passé mon enfance et mon adolescence. Pour moi, c’était un lieu qui était tellement magique, que je ne pouvais pas garder pour moi-même. J’avais envie d’emmener les gens à sa rencontre. C’est dans ma nature ce besoin de partage : quand je regarde un film qui est beau, j’ai vraiment envie d’inciter les gens à aussi le regarder. Et pour moi, c’était le même sentiment que j’avais quand j’écrivais, de montrer cette beauté et cette vie montagnarde oubliées, où l’on pense facilement que rien ne se passe. Alors qu’il y a des vies, des histoires, aussi dans ces lieux-là.

Dans l’esprit des gens, souvent le Liban semble se réduire à l’image de Beyrouth…

Je suis toujours confronté à cette image. Quand on commence à parler du fait que je suis Libanais, les gens partent tout de suite du principe que je viens de Beyrouth. On parle de la guerre civile à Beyrouth aussi. J’ai eu l’impression qu’il y avait une sorte "d’excès d’histoire" sur la capitale. Et il y a tout un monde encore inexploré, selon moi. À Beyrouth, je me sens parfois oppressé : il y a beaucoup de monde, peu d’air. Même si c’est une belle ville, où il y a plus de choix, de liberté, cela permet de s’épanouir. Dans les limites du possible de ce pays…

Vous choisissez justement d’aborder le thème de l’homosexualité, qui est brûlant d’actualité en ce moment au Liban, avec les attaques qu’a connu la communauté LGBT ces derniers mois. Dans ce contexte, peut-on parler d’un choix audacieux ?

Il ne m’a pas semblé, initialement, que c’était un sujet audacieux parce que quand j’avais fait mon court-métrage, il y a une dizaine d’années, c’était aussi sur l’homosexualité. Mais à l’époque, on avait l’impression, malgré l’homophobie ambiante et oppressante, qu’on se dirigeait vers quelque chose, vers plus d’ouverture et de tolérance.

Aujourd’hui, c’est un peu différent et ça me semble tout compte fait plus audacieux de parler de mon livre, que de mon film il y a dix ans. Les livres, il y a moins de gens ici qui vont les ouvrir et aller chercher "le sacrilège", alors que l’image c’est beaucoup plus distribué et partagé.

Mais j’ai l’impression qu’on subit tous, à des échelles différentes, cette vague de haine, mondiale. Et certainement que les effets diffèrent d’un pays à l’autre. En Floride, par exemple, ils vont peut-être censurer un livre LGBT, mais au Liban, ils vont peut-être criminaliser l’homosexualité.

La scène du baiser, très furtive, entre Émile et Taïm, est la seule évoquant directement l’homosexualité des deux adolescents. Puisqu’ensuite c’est plus la question de l’émoi que cela a provoqué chez Émile qui revient. Comment avez-vous construit cette scène ?

Plusieurs personnes m’ont fait la réflexion que la scène du baiser était assez rapide. Mais pour moi, c’était essentiel que ce passage aille vite, parce que c’était un moment volé. Je ne me suis pas posé la question de décrire, de m’éterniser sur ce moment. Si c’est un moment volé, il faut que ça se reflète aussi dans l’écriture. Que même si on l’attend en tant que lecteur, on ait juste un aperçu. Et pourtant, ce court baiser aura des répercussions sur le reste de l’histoire. Parce qu’il est partout. Et puis, c’est souvent comme ça : des éclairs qui passent et changent la vie d’une personne.

Outre le narrateur, Émile, le roman place en son centre Saba, "l’idiot du village". D’où vous est venue l’inspiration pour ce personnage ?

Saba est né de plusieurs personnes que je côtoyais enfant. Il y a les parts de légendes qui circulent d’un village à un autre, tout ce qu’on ne connaît des personnes que par le biais des histoires racontées. Et j’ai voulu jouer sur ça, sur ce qui circule, l’imaginaire mélangé à la réalité. Mais surtout donner une voix à cette personne et lui donner la possibilité de raconter son histoire, par-delà les ragots et papotages du village.

C’est aussi pour vous une manière indirecte de parler de l’Histoire du pays. En vous affranchissant de tout manichéisme, qui consisterait à choisir absolument un camp…

J’avais voulu montrer que la guerre, pour Saba comme pour les enfants du village, c’est un moment brouillé. Que si on croit juste aux histoires de nos parents, on va se trouver dans un camp, dans un récit politique qui en fin de compte ne reflète absolument pas la réalité. Par exemple, Saba les met face à la réalité que le père de l’un des enfants du village se vantait d’avoir tué des Palestiniens, comme si c’était une chose acceptable.

Pour moi, il fallait dire que parfois il suffit juste de dire aux enfants que ce qu’on a entendu, ce n’est pas forcément la vérité. On n’a pas besoin de vouloir changer l’opinion des autres, il faut parfois juste montrer qu’il y a d’autres avis, d’autres histoires, d’autres récits. Et les enfants en feront ensuite ce qu’ils veulent.

Alors que l’on sent que les communautés demeurent repliées sur elles-même, peut-on dire que ce message demeure d’actualité ?

C’est en effet un discours qu’on entend toujours. Et il me semble important de souligner que des voix de dissidence existent et sont là, parmi vos familles, les amis de vos enfants, que ce n’est pas quelque chose de très éloigné.

Et je pense que ça marche aussi bien pour l’homophobie qui règne dans ce pays aujourd’hui. L’autre jour, une amie me racontait que dans les conversations, le sujet revenait souvent en ce moment, mais qu’elle ne se taisait pas. Qu’elle se contentait de dire : "Et alors ?". Parfois, ça suffit de juste mettre en avant que tout le monde n’est pas d’accord avec ce qui se dit communément. Et ça vaut pour la guerre civile, pour l’antagonisation des Palestiniens, des musulmans ou inversement.

Concernant votre langue d’écriture, pourquoi avoir fait le choix du français ?

Mon mémoire universitaire était rédigé en français. Ça a d’ailleurs été une phase de pratique : j’apprenais mieux, en écrivant. Quand j’étais au Liban, j’ai écrit un peu en arabe, un peu en anglais, un peu en français. Mais je ne maîtrisais véritablement aucune de ces langues. Comme je suis en France depuis six ans et que je lisais exclusivement en français, ça m’est venu plus facilement de choisir cette langue, plutôt que l’arabe. Et puis c’était pour moi une suite logique, après le mémoire.

On sent un caractère propre au français que vous employez. Peut-on parler d’une mise en valeur de la diversité et des particularités qu’offre le français des Libanais ?

Je voulais garder cette identité particulière, pour aussi distinguer le français que l’on apprend à l’école, pour dire qu’il y a une francophonie libanaise, avec ses propres formules et expressions. C’est pourquoi j’ai parfois intégré des proverbes traduits en français, pour renforcer cette présence du dialecte libanais, de la langue arabe. J’ai essayé parfois de souligner ça, par exemple dans le passage du prof Français qui reprend sans cesse la manière de parler des enfants, avec sa vision à lui, qui insiste à rouler les "r". De mon côté, j’ai perdu en partie l’accent libanais en partant à Paris. Mais parfois l’accent est vu comme une faute, ce qui n’est pas le cas. Le parler n’est pas né dans un vide, il y a une histoire derrière, il y a une culture aussi. Et notre parler doit s’inscrire dans la continuité de notre histoire.

La présence des trois langues, au Liban, est parfois un peu imposante. On a la moitié de nos heures de cours en langue étrangère à l’école, ce n’est plus une langue étrangère ! Le français ou l’anglais maintenant sont présents partout. Dans la communauté bourgeoise francophone, c’est quelque chose de très présent, cette idée de parler bien ou mal français, avec l’accent libanais. Voire même de corriger, de manière un peu arrogante, la manière de parler des autres.

Qu’avez-vous ressenti en voyant votre roman pour la première fois ?

Je savais qu’en étant patient, je parviendrais bien à trouver une manière de faire publier mon livre, mais je ne savais pas comment. Et je n’ai pas voulu l’auto-éditer, souhaitant être accompagné dans cette expérience. Parce que parfois on a notre sensibilité, mais qui ne parle pas aux autres. Le regard de l’éditeur, c’est très important.

J’étais dans les nuages quand j’ai vu le livre. La couverture m’a mis les larmes aux yeux, parce que je me suis dit que ça y était, ces personnages étaient aussi réels pour les autres. Et je continue à ressentir ça quand les gens me parlent des personnages…

C’est Joseph Kai qui a fait la couverture, un illustrateur très talentueux (notamment auteur de L’Intranquille, publié chez Casterman, ndr). Je suis parfois plus attiré par des couvertures minimalistes, et là, j’ai été surpris, parce qu’elle est assez chargée. Mais j’ai suivi ma première réaction : les larmes, la chair de poule. Et je trouve qu’elle donne une très bonne impression de ce qu’on trouve dans le roman.

Votre famille a-t-elle lu le roman ?

Je viens juste de leur donner le livre, pendant mon séjour au Liban. Ma sœur va le lire. En ce qui concerne mes parents, je leur raconterai l’histoire en arabe, et à l’oral.

Les titres des chapitres s’ajoutant les uns aux autres forment comme un poème. Comment vous est venue cette idée ?

Quand j’ai écrit, je n’ai pas du tout pensé aux chapitres ! Et un ami me l’a fait remarquer. Je laissais des espaces, pour aérer. Mais c’était tout. Donc j’ai commencé à travailler sur un chapitrage. Parce qu’en lisant, j’aime bien quand c’est bien chapitré ; ça permet de fluidifier ma lecture. Mais je ne voulais pas mettre juste chapitre 1, 2 ou 3. J’ai alors pensé à écrire un texte et à mettre chaque "vers" comme un titre de chapitre, pour former un poème. C’était une inspiration après réflexion.

Un nouveau projet d’écriture est-il en vue ?

Il y a un dossier "Nouveau roman" dans mon téléphone. Ce n’est pas du tout une suite d’Un après-midi sous la neige. Mais dans mon premier roman, il y a le thème de la relation père/fils, qui est un peu marginal. Et j’ai envie de développer une nouvelle histoire dans ce sens.

Ce deuxième roman aura-t-il également pour cadre le Liban ?

Oui, ce sera aussi au Liban !

J’ai cette impression que les auteurs libanais ont souvent ce besoin d’écrire sur leur pays, d’en parler…

C’est vrai ! Peut-être parce que c’est un nœud qu’on essaye par tous les moyens de délier. Peut-être qu’on n’y parviendra pas, mais on essaie. On a grandi dans un univers si complexe ! Et l’être humain a toujours envie de faire sens, même quand il sait qu’il ne va pas y parvenir, et que l’absurde parfois règne. Peut-être c’est pour ça qu’on écrit sur le Liban, par un besoin de faire sens sur ce qu’on a vécu, vu, ce par quoi on est passé. Et parfois aussi d’immortaliser.

Envisagez-vous de retourner un jour au Liban ou votre vie est-elle en France désormais ?

Maintenant, j’ai la nationalité française, donc je suis un peu plus libre dans mes choix. Et je n’écarte pas la possibilité de revenir un jour au Liban. Mais j’ai envie d’explorer encore plus les opportunités qui existent en France, que ce soit sur le plan de l’écriture ou de l’art. Je sais qu’il y a des écrivains francophones qui vivent au Liban et écrivent en français. Mais j’ai besoin de cette proximité avec la langue, parce que je ne viens pas d’une famille qui était parfaitement francophone. On ne parlait qu’en arabe à la maison, et j’avais beaucoup de mal avec le français en étant enfant. Donc je sens que j’ai besoin de côtoyer la langue.

Par le biais de la littérature, on apprend beaucoup, notamment un nouveau vocabulaire. Mais, il y a toujours cette distance entre le parler et l’écrit. Aujourd’hui, on a envie d’écrire d’une manière plus simple, plus accessible. Et j’ai envie de me lancer un peu plus. Parce qu’avec Un après-midi sous la neige, j’avais parfois l’impression d’être un peu en sur-effort par rapport à ma langue. Et au fur et à mesure, je simplifiais. Dans les premiers jets, je sortais d’une écriture académique et je crois que ça se sentait. Mais avec le temps, l’écoute et le partage avec les gens, les relectures des autres m’ont aidé à simplifier.

Peut-être aviez-vous besoin de mener ce travail pour trouver votre langue ?

Oui et c’est toujours le cas, je suis toujours en recherche de ma voix dans la littérature. Ou peut-être même tout simplement dans la vie.

En tant que lecteur, qu’attendez-vous de la littérature ?

Je dois essayer de me remettre dans le souvenir d’une lecture… Je pense aux Vies de papier de Rabih Alameddine (publié aux Escales et en poche chez 10/18, traduit par Nicolas Richard, ndr), qui est Libanais, mais écrit en anglais. Dans ce livre, j’ai été très touché par le fait que ce qu’il écrivait était à la fois familier et inconnu pour moi. L’histoire se passe à Beyrouth, une ville que je connais, mais que je ne connaissais pas de cette manière. On suit cette femme âgée, qui traduit des livres, sans but. C’est une vie sisyphéenne. Mais ça m’a aussi montré que, parfois, nos passions, on peut les vivre sans qu’il y ait un but. Il y a une phrase, anodine, qui m’a totalement remué : "Tout ce qu’elle voulait c’était un sommeil ininterrompu". À l’époque où j’ai lu ce livre, je travaillais énormément et frôlais le burn-out. La littérature, c’est ça je crois : les mots des autres qui nous aident à formuler quelque chose qui est très personnel. Ce que l’on cherche dans la littérature peut changer en fonction des périodes qu’on vit. Et quand la littérature touche à un univers qui ne nous est pas familier, elle nous aide alors à s’ouvrir au monde, à trouver un socle commun, avec des personnages qui parfois ne nous ressemblent absolument pas.

Quelles sont les dernières lectures qui vous ont le plus marqué ?

Il y a un livre de poèmes de Louise Glück, qui s’appelle Nuit de foi et de vertu (publié chez Gallimard, ndr). Là aussi, il y a une phrase qui a particulièrement retenu mon attention. Elle dit plus ou moins : "Où sont-ils tous partis, ces gens qui me semblaient si réels ?". J’aime beaucoup la poésie américaine contemporaine. Avec des autrices comme Anne Sexton (publiée aux éditions des femmes, ndr), Mary Oliver…

J’ai aussi lu The Bell Jar (La Cloche de détresse en français, publié dans la collection L’Imaginaire de Gallimard, ndr) de Sylvia Plath, que j’ai adoré.

Récemment, j’ai aussi découvert La Bête humaine de Zola, qui est une œuvre extraordinaire.

Et puis, il y a des auteurs qui sont pour moi des repères permanents. Par exemple, Mort à Venise de Thomas Mann, c’est un livre qui me transporte à chaque fois que je le lis. J’adore aussi l’adaptation de Visconti. C’est très beau et m’a beaucoup inspiré pour mon premier court-métrage. Les amours interdites de Mishima, aussi. Voilà : Mishima, Kawabata et Thomas Mann sont des auteurs où je vais aller piocher quand je ne sais pas quoi lire.

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